Psychotropes : ce qu’il faut savoir

La France se hisse en tête du classement européen en matière de consommation de psychotropes. Les Français recourent ainsi plus facilement aux psychotropes que leurs voisins européens, et la consommation croît avec l’âge.

Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, neuroleptiques (…) sont le lot quotidien de sujets jeunes comme âgés. Pour comprendre ce phénomène, il est intéressant d’étudier les effets de ces médicaments, leur prescription et leurs conséquences.

Les différents types de psychotropes

Les psychotropes sont des substances chimiques qui agissent sur le psychisme et plus spécifiquement sur l’état du système nerveux central en modifiant certains processus cérébraux (biochimiques, physiologiques).

En altérant les fonctions du cerveau, les médicaments psychotropes induisent des modifications de la perception, des sensations, de l’humeur, de la conscience ou d’autres fonctions psychologiques et comportementales.

On distingue cinq grandes familles de médicaments psychotropes :

  • Les antidépresseurs : il s’agit de médicaments servant à corriger et relever l’humeur dépressive. La plupart de ces médicaments peuvent aussi diminuer l’intensité des troubles anxieux (anxiété, angoisse, crises de panique, troubles obsessionnels compulsifs).
  • Les neuroleptiques : Il s’agit de médicaments tranquillisants et anti-délirants utilisés notamment dans le traitement de certaines affections psychiatriques tels que la schizophrénie ou les troubles bipolaires (barbituriques, benzodiazépines, antihistaminiques).
  • Les anxiolytiques : il s’agit de médicaments servant à diminuer ou arrêter l’anxiété. Les plus courants sont les benzodiazépines (comme Xanax, Tesmeta, Seresta …).
  • Les hypnotiques : il s’agit de médicaments dont la propriété est d’induire le sommeil chez des patients souffrant de difficultés d’endormissement et/ou de réveils précoces.
  • Les thymorégulateurs : il s’agit de médicaments dont la principale indication est de stabiliser l’humeur et prévenir la rechute de trouble bipolaire. (Sels de lithium, Carbamazépine …)

La prescription de ces substances par les professionnels de santé

Les médicaments psychotropes ne peuvent être obtenus que sur prescription médicale.

Un rapport de l’office parlementaire d’évaluation des politiques de santé sur le bon usage des médicaments psychotropes, écrit par la députée Mme Maryvonne Briot et publié en juin 2006 au Parlement, soulignait déjà la prépondérance de la médecine générale dans la prescription des ces médicaments. Selon le rapport, « plus de 80 % des prescriptions sont le fait de médecins généralistes. »

Cela peut paraître étonnant au regard du nombre d’heure très faible consacré à l’apprentissage de maladies comme la schizophrénie, les troubles bipolaires ou encore la dépression dans le cursus des médecins généralistes.

Mais dans la pratique, les critiques portent surtout sur le non respect par les médecins des indications thérapeutiques prévues dans les autorisations de mise sur le marché (AMM). Les traitements sont souvent inadéquates à la pathologie et surtout prescrits pour des durées trop longues, ce qui favorise l’effet d’accoutumance.

Le rapport précité soulignait en 2006 que les indications des traitements sont peu respectées : « la moitié des personnes consommant des antidépresseurs et plus des deux tiers de celles consommant des anxiolytiques et hypnotiques ne présentent pas de trouble psychiatrique relevant d’une indication reconnue. Inversement, moins d’une personne sur trois souffrant de dépression en France bénéficie d’un traitement approprié. »

Les risques

Les benzodiazépines sont trop souvent prescrites dans les troubles du sommeil et les troubles anxieux. Face aux troubles du comportement, les médecins prescrivent souvent des neuroleptiques, or si le patient est atteint de la maladie d’Alzheimer et que cela n’a pas été diagnostiqué cette prescription s’avère être inutile et surtout dangereuse.

En matière de traitements par antidépresseurs, les prescriptions interviennent alors même que la dépression n’est pas avérée. A l’inverse, moins d’une personne sur trois souffrant de dépression bénéficie d’un traitement approprié. La durée des traitements n’est souvent pas adaptée.

Les médicaments psychotropes sont une question de santé publique étant donné les conséquences dramatiques et coûteuses qu’ils peuvent avoir : chutes, confusions, suicides, sédations, endormissements à l’origine d’accidents …

Les bénéfices

Malgré une quantité non négligeable de risques, les psychotropes prescrits dans des cas justifiés s’avèrent généralement très efficaces. Des études américaines ont démontré que depuis l’apparition des antidépresseurs, le taux de suicide n’avait cessé de diminuer au fil des ans (plus de 33 000 vies épargnées par les suicides chaque année).

Les recommandations

Les délais d’action de ces médicaments sont au minimum de deux à trois semaines. Les traitements doivent être poursuivis sur de longues périodes après la disparition des symptômes à l’origine de leur prescription sous peine d’une inefficacité du traitement.

L’arrêt d’un traitement doit impérativement se faire progressivement. Un arrêt trop rapide pourrait entraîner une rechute et la survenance d’effets indésirables comme des effets de manque (vertiges, tremblements, nausées …). Si vous souhaitez interrompre ou arrêter votre traitement, consultez le médecin prescripteur.

Une personne consommant des psychotropes doit être plus vigilante et doit notamment demander l’avis de son médecin avant de conduire ou avant de pratiquer certaines activités (sports …).

Note de la rédaction : Cet article est destiné à sensibiliser le lecteur et ne peut en aucun cas remplacer l’avis d’un professionnel de santé.

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